dimanche 11 février 2007

Retour sur les péripéties du projet de nouvel hopital à Cognac [2]

accès chantier hôpital
Suite du billet précédent sur l'hôpital de Cognac.

début 2006 : rigueur budgétaire
Le budget de fonctionnement voté pour 2006 prévoit 32 millions d'euros malgré une baisse des aides de l'état. Le conseil d'administration réclame une demande d'aide à l'ARH (250 000 euros) afin de compenser les astreintes payées par l'hôpital pour les chirurgiens de la clinique afin qu'ils assurent leur service public le week-end...
Les annonces de rigueur budgétaire et le déploiement du nouveau SROS régional, qui aboutit à la fermeture des services de chirurgie de Barbezieux, Ruffec et Confolens, va faire monter la grogne du personnel hospitalier régional et particulièrement à Cognac : qui réclame que les efforts ne soient pas assumés entièrement par le personnel.
A Cognac, le personnel hospitalier doit supporter une stabilisation du personnel face à une augmentation des actes, aboutissant a des retards de rattrapage des heures supplémentaires, le non-remplacement des congés-maladies... Cela aboutit à la promesse de 3 embauches + 1 mi-temps.
Mi-2006, l'hôpital cible une augmentation des recettes de 3,5% (contre 5% quelques mois plus tôt). En fin d'année l'hôpital revoit encore cette prévision en annonçant une stabilité des recettes.

mi-2006 : crise aux urgences
Après de long mois de crises, le chef des urgences de l'hôpital quitte sont poste en juillet. En septembre l'hôpital annonce avoir lancé un recrutement. Les urgences sont désorganisées et les temps d'attente s'allongent pour les usagers (ma belle mère a dut patienter plusieurs heures et un rendez-vous 5 jours plus tard pour un clavicule cassée).
En décembre le directeur de l'hôpital annonce avoir trouvé un remplaçant au chef des urgences qui arrivera... en juillet 2007 ! Les embouteillages aux urgences ne sont pas prêts de s'améliorer.
Le service des urgences reçoit la visite de 15000 patients par an et est composé d'une équipe de 7 médecins accompagnée de l'équivalent de 16 plein-temps : soit 5,9 patients par médecin et par jour.

fin 2006 : problèmes des accès à l'hôpital
En juin 2006, des difficultés apparaissent concernant le début des travaux du futur hôpital prévu pour début 2007. En effet une polémique autour de l'accès à l'hôpital voit le jour. L'hôpital sera situé a coté de la clinique. L'accès des visiteurs et ambulances doit se faire par le même accès que la clinique depuis le rond-point de l'avenue d'Angoulême.
Toutefois l'hôpital souhaite un accès pour le personnel et les livraisons par l'arrière du bâtiment (chemin de la Nicerie) comme pour la clinique. Cet accès arrière sera aussi celui au chantier.
La DDE refuse l'accès direct par le chemin de la Nicerie, en effet l'accès à ce chemin est jugé trop proche du rond-point de la Trache et la DDE craint de graves problèmes de circulation lorsque les camions venant du rond-point devront attendre pour emprunter le chemin.
Un barreau d'accès est alors décidé pour permettre l'accès au chantier depuis la voie de délestage de l'avenue d'Angoulême vers le chemin de la Nicerie.
Mais la mairie de Châteaubernard rechigne à supporter 50% des coûts de ces accès pour un bâtiment à vocation large (50% sont pris en charge par la communauté de communes). Jean-Claude Faymendie (maire de Chateaubernard) retarde sa signature du permis de construire tant que le financement ne sera pas trouvé, ne voulant pas dépasser 25 à 30% pour sa commune. De plus cet accès par le chemin de la Nicerie pose problème à Châteaubernard qui souhaite développer ce chemin pour y installer des zones d'habitations.
Après un bras de fer de plusieurs mois, la solution n'émergera que début janvier 2007 avec l'ARH qui accepte finalement de rentrer dans le financement de cet accès. Châteaubernard qui financera 33% de cet accès, débloque le dossier le 5 janvier dernier mais pointe son inquiétude sur le manque de cohérence des accès au pôle hospitalier qu'il craint compliqué, notamment depuis l'ouverture de la rocade de Jarnac qui déplace les bouchons de Jarnac à La Trache.
Toutefois en ce début d'année, les travaux débutent avec l'accès au chantier (depuis le contre-allée jusqu'au chemin de la Nicerie juste à coté du garage Toyota).
L'ouverture du chantier de l'hôpital doit désormais intervenir en avril 2007 pour une livraison finale fin 2008 / début 2009.

Étude statistique de la région
Le 11 décembre 2006 à la Salamandre, Emmanuel Vigneron (géographe), mandaté par la région présente les résultats de son étude statistique sur le bassin de population du Cognaçais (65 000 habitants) usagers des services hospitaliers de Cognac.
Il ressort que l'hôpital et la clinique sont attractifs et plutôt plus que la moyenne pour des établissements de cette taille, mais aussi que le transfert de la chirurgie entre l'hôpital et la clinique fin 2003, a entraîné une "perte" d'activité au profit notamment de la clinique privée de Saintes.
Utilisation des services hospitaliers de Cognac par le bassin de population.
1999
2005
hôpital
clinique
total
hôpital
clinique
total
Hospitalisation courte durée
39%
9%
48%
44%
15%
59% (+11)
Hospitalisation complète
58%
7%
65%
57%
5%
62% (-3)
Chirurgie ambulatoire
26%
37%
63%
2%
49%
51% (-12)
Chirurgie complète
18%
46%
64%
2%
54%
56% (-8)
Gynécologie obstétrique
47%
12%
59%
52%
15%
67% (+8)
On constate aussi que si la clinique a bien profité de la prise en charge de la chirurgie (malgré la perte de clientèle de 10%), l'hôpital en contre-partie n'a pas bénéficié autant de la réciprocité (prévue initialement au contrat) sur l'exclusivité de la médecine puisque la clinique a continué à augmenter son accueil sur ce point.
On notera aussi la bonne progression de la maternité de l'hôpital.

Il est aussi très intéressant de remarquer que les chiffres annoncés en 2004 pour lancer la privatisation de la chirurgie était faux, puisqu'en 1999 la clinique ne representait que 42% de la chirurgie et pas 80%...

La prise en charge des opérations chirurgicales reste un gros problème pour les Cognaçais. En cas d'urgence, la prise en charge doit se faire dans le cadre du service public et donc a des tarifs sécus. Malgré la surveillance, cette prise en charge donne lieu a nombre de dysfonctionnements récurrents (suppléments injustifiés, options payantes non signalées, urgences retardées...).
Malgré le projet de nouvel hôpital, la chirurgie à Cognac reste en sursis et le plan de cession au privé mené par l'hôpital et l'ARH, n'a pas permis d'améliorer l'attractivité de la chirurgie tout en en explosant les coûts pour les usagers.

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