samedi 13 juillet 2013

Bilan 2006-2012 du Service d'Eau Potable et d'Assainissement de Cognac

Le mois dernier a eut lieu la commission consultative du SIEEAC (Syndicat gérant l'eau potable et l'assainissement). Comme chaque année, le délégataire du service (Véolia) a remis son rapport annuel et le Syndicat (SIEAAC) a remis son propre rapport. J'y représentait l'Association de défense des Services Publics de Cognac.

Pour avoir suivi le dossier depuis 2005 assez précisément, mon impression est un cruel manque de vision a long terme (notamment manque d'investissement) qui pourrait s'avérer terrible pour les prochaines générations. Le SIEAAC semble naviguer vaguement a vu sans aucunes perspectives.

Délégation
Pour rappel, le SIEAAC est le syndicat qui a la compétence de gestion de l'eau potable et de l'assainissement. Le syndicat est composé d'élus de ces communes qui sont nommés par les conseils municipaux en leur sein.

Le SIEAAC ne gère que les aspects de plus hauts niveaux, puisque toute l'activité et la gestion quotidienne est délégué au groupe Véolia Eau depuis 1974 (bientôt 40 ans). Fin 2008 le contrat de délégation a été renouvelé pour 12 années, soit jusque fin 2019. En outre le SIEAAC délègue son rapport annuel a un cabinet privé : Gétudes...

En 2006 un rapport d'audit commandé par le SIEEAC (en vu du renouvellement de contrat de 2008) établissait les points critiques, on constate malheureusement que 7 années plus tard, peu de choses ont changés...

Nota : tout les chiffres, proviennent des rapports officiels et publics des rapports annuels du délégataire et du SIEAAC.


Rendement du réseau : du progrès mais à minima
En Rouge les pertes de 200 à 2012
Sur le réseau d'eau potable les pertes d'eau sont mesurable, en effet les moyens existent de mesurer l'eau potable tout au long de la filière.

La différence entre le volume vendu (ce qui est mesuré par les compteurs des usagers) et le volume produit (ce qui sort de l'usine de traitement) est ce qui n'est pas facturé (merci La Palisse). Une petit part est utilisé par les services incendies (bornes incendies) mais la grande majorité correspond tout simplement aux fuites du réseau (plus de 200 kilomètres de tuyaux en tout genre, de tout type et de tout ages).
On mesure ces pertes, notamment par l'indice de rendement moyen du réseau, qui correspond au pourcentage d'eau vendu par rapport à l'eau produite. Plus ce taux est élevé, moins il y a de fuites et meilleur est l'état du réseau. Réduire les pertes permet de préserver la ressource en eau potable et de réduire les couts de dépollution inutiles.

Jusqu'en 2006 (année de l'audit) le rendement était entre catastrophique et faible : soit des pertes entre 25 et 38%. Comme par magie l'année qui a suivi l'audit les pertes sont passés à 11% et depuis se maintiennent un peu en dessous 14%. En 1 an ont est passé d'un situation pitoyable a une situation légèrement au dessus de la moyenne...
A noter que le contrat renouvelé en 2008 prévaut une clause d'obligation d'un rendement minimum à 85% et c'est comme par hasard exactement celui mesuré depuis 3 ans. De la a en conclure que le délégataire fait le minimum, il y a un pas...

Manque d'entretien : 1/4 des renouvellements nécessaires
En rouge : Renouvellement du réseau de 2000 à 2012
(si, si, on aperçoit une fine ligne, cliquez pour zoomer)
L'audit de 2006 relevait que le taux de renouvellement du réseau était très faible, ce qui est inquiétant sur le long terme.
Le réseau de distribution du SIEAAC à une longueur totale d'environ 210 km, chaque année le syndicat fait renouveler une partie du réseau (les tuyaux) afin de maintenir un réseau dans un état satisfaisant et prévoir le futur.
La durée de vie moyenne des tuyaux est variable mais les spécialistes l'établissent au mieux à 100 ans. Ceci induit que pour maintenir un réseau en bon état il faudrait, en moyenne, renouveller environ 1% des tuyaux par an, soit 2,1 km.
En 2006 le renouvellement était de 106 mètres (gasp !), en chute depuis le pic de 2001 : 500 mètres, déjà largement insuffisant...

Mais depuis la situation n'a que peu évolué puisque de 2006 à 2012 il a été renouvelé moins de 4 km de réseau, soit une moyenne de 662 mètres par an, c'est très faible.
Si on prend la période 2000-2012, il a été renouvelé 6,4 km, soit 534 mètres/an. À ce rythme (0,25%) il faudra 400 ans pour que le réseau soit remis à neuf (si on peu dire).
Voir ci-contre le graphique du renouvellement. Si vous voyez rien, c'est normal ne changez pas d'opticien : c'est la fine ligne rouge en haut...

A ces questions le SIEAAC n'a pas vraiment répondu et Véolia (qui n'est que l’exécutant du SIEAAC dans ce domaine) indique qu'il ne faut pas regarder sur 1 an, mais ce projeter sur le long terme (ce que j'ai fait avec le maximum des données disponibles : 12 ans) et indique qu'en 2012 il y a eut 3,6 km renouvelé, ce qui est vrai et remonte la moyenne qui sinon aurait été de moitié ! Reste a espérer que le renouvellement continuera comme l'an passé et pas comme les 11 années précédentes... Mais je n'ai pas eut de réponse sur ce point.
Le SIEAAC admet toutefois mettre l'accent sur l'agrandissement du réseau d'Assainissement et l'élimination du plomb plutôt que le renouvellement.

État des réserves d'eau potable : fragilité
L'eau du SIEAAC est pompée dans les champs captants qui bordent le fleuve Charente (à Saint-Martin et dans le Parc François 1er). L'audit m'était en évidence des indices indiquant que ces champs captants n'étaient probablement pas autonome et qu'il y avait des liens avec le fleuve au vu de l'évolution de leurs niveaux.
L'audit pointait qu'il s'agissait de la seule ressource disponible et qu'aucune interconnexion avec un autre réseau existait pouvant pallier (même partiellement) les ressources en cas de pollution grave du fleuve.
Le SIEAAC interrogé sur ce point, a indiqué qu'une pré-étude avait été lancé l'année dernière pour évaluer des zones de captages possibles (2 zones ont été repérées, reste a prévoir une reconnaissance non plannifiée) et que actuellement aucune interconnexion n'était prévu, hormis celle réalisée avec Boutiers, mais qui est destiné a l'inverse : suppléer Boutiers.

Protection des points de captage : ça recule pas
Puit de captage dans le Parc François 1er
L'audit mettait en évidence , en 2006, le manque de protection des points de captage. 
La loi donne l'obligation de périmètres de protection a plusieurs niveaux depuis 1992. Ceux-ci ne sont toujours pas en service et le dossier avance a très petit pas. On peut espérer une mise en conformité pour 2015 peut être.
Cette mise en conformité correspondra a placer des grillages autour des captages et a définir par règlement les 3 niveaux de zones réglementaires et d'y interdire certaines activités afin de réduire les risques de pollution.
Le dossier avance tellement lentement que je sais pas si l'objectif 2015 sera atteint, sachant que depuis 2008 l'objectif est repoussé d'année en année...

Le syndicat aurait put en profiter pour aller plus loin que la loi et interdire l'usage de pesticides ou favoriser l'agriculture bio dans ces zones (comme là fait la ville de Munich par exemple avec grand succès, ce qui est confirmé par un étude de l'agence Seine-Normandie) mais apparemment l'idée ne leur en ait pas venu... Le syndicat espère juste être en conformité avec la loi avec 10 années de retard.

A noter que sur Cognac, les eaux brutes (avant traitement) sont plutôt de bonne qualité, sauf concernant le Cuivre, qui est de manière fortuite, très utilisé pour les vignes.

Pour mémoire le retard de protection concerne de très nombreux captages partout en France, la situation de retard est chronique. La loi date de 1992 et a été revu en 2005, 2007 puis 2009. La limite de mise en conformité a été repoussé d'années en années pour de très nombreuses communes. La limite actuelle est 2015...

Saturation de la station d'épuration : ça sature toujours
En 2006, l'audit dénonçait déjà la saturation de la station d'épuration plusieurs jours par an. Depuis la situation a évolué et les jours de saturation sont de plus en plus nombreux : 31 jours en 2012 et une utilisation moyenne de 97% des capacités.
Il y a saturation lorsque la pollution des eaux a traiter (qui arrive à la station) est supérieure à la capacité de dépollution. Ces surplus était attribué aux contrats passés avec des entreprises locales très polluantes.
Interrogé sur ce point, le SIEAAC n'a pas de réponse. C'est Véolia qui intervient pour expliquer que c'est par une réglementation plus strict (amende) que la pollution entrante sera diminuée. Le SIEAAC ne prévoit rien sur ce point, ce qui va aboutir a ce que le problème perdure et continu d'augmenter, jusqu’à ce que la saturation provoque des rejet non conforme à terme... A ce moment là il n'y aura plus d'autre solution que d'augmenter les capacités de la station d'épuration par des investissements lourds... Lamentable !

Maillage du réseau : rien à l'horizon
Le rapport d'audit constatait un maillage très faible, c'est-à-dire que les branches principales du réseau avait peu de liens entre elles (interconnexion). Ce qui peut occasionner de gros soucis de distribution si une conduite principale lâche, puisqu'alors tout le réseau en aval estcoupé, avec peu de moyens de délestage.
La situation n'a pas évolué sur ce point.

Les points positifs
La qualité des eaux distribuées est conforme aux réglementations sur tout les points.
La qualité des eaux rejetées (assainissement dépollués en sortie de la station d'épuration) est elle aussi conforme aux réglementations.
Comme vu plus haut le rendement est a un bon niveau depuis 2008 et stable, on peut juste regretté sur l'effort qui a permis de l'amener immédiatement a-à la valeur définit au contrat et y reste accroché depuis... Le premier projet de contrat prévoyait un taux contractuel de 90%, ramené après négociation à 85%. Il semble que les 90% aurait pu être atteint (réduisant encore plus le gaspillage d'eau potable).
Les restes de branchements plomb sont en voie de résorption, avec un peu de retard. Ilne devrait plus rester de plomb d'ici 2 ans.

Bataille de chiffre et opacité financière
Le SIEAAC réclamait à Véolia de présenter son bilan financier selon le modèle CARE, celui qui était utilisé en 2008 pour la remise de l'offre, alors que Véolia présentait un bilan selon un autre modèle.
Cette année Véolia donc remis 2 bilans financier, l'un selon le modèle CARE et l'autre toujours selon leur propre modèle, avec des chiffres totalement différents (notamment des pertes sur l'un et un gain sur l'autre)... A suivi une longue discussion sur les contenus. Ce que je retiens c'est que ces chiffres n'ont aucune valeur puisqu'on peu leur faire dire l'inverse tout en était validé par un expert-comptable... De là a en conclure qu'il n'y a aucune transparence possible sur le sujet financier du délégataire il y a qu'un pas, que seule une commission financière pourrait démêler... Mais le SIEAAC n'en a cure.

Cette présentation du bilan conforme aux prévisions initiales du contrat permet de comparer les prévisions initiales de Véolia et la situation actuelle.
On constate une baisse importante des charges de sous-traitances, contre-balancé par une hausse tout aussi importante des charges de personnels. Questionné sur ce point Véolia a reconnu que la stratégie avait changé et que exécuter plus de chose avec les effectifs et moyens locaux permettait de réduire les coûts... Je n'ai pas osé pousser plus loin et leur signaler que dans cette optique un passage en régie irait encore plus dans le sens de cette stratégie d'internalisation.
On constate aussi une forte hausse des "frais centraux" sur le prévisionnel sans explication. Ces frais centraux ne sont pas plus vérifiable que le reste et correspondent aux frais généraux globalisé du groupe Véolia a tout niveau et redescendu aux différents centres locaux (en proportion de leur taille). 

Retrouvez tout les billets sur le sujet de l'eau.

Cycle de l'eau SIEAAC Cognac
Le réseau, comment ça marche.

1 commentaire:

assainissement a dit…

Bonjour,
vous étes un très bon blogueur,
merci pour toutes les posts,
assainissement